L'ECONOMIE
Lundi 20 février 2017
La zone euro espère sortir de l’impasse sur la Grèce |
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras (à gauche), discute avec le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, à Athènes, le 15 février 2017.LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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Depuis des mois les négociations entre la Grèce et ses bailleurs de fonds – zone euro et Fonds monétaire international (FMI) – piétinent, suscitant de plus en plus l’inquiétude des marchés financiers. Jeudi, un porte-parole du gouvernement grec a annoncé viser un « accord politique de principe »avec ses créanciers lundi. « Dans le meilleur des cas », il y aura un« préaccord », a dit, de son côté, un haut responsable européen. Or, pour le déboursement d’une nouvelle tranche de crédit promise dans le cadre du troisième plan d’aide à la Grèce conclu à l’été 2015, un accord complet et définitif est nécessaire. Théoriquement, la Grèce a de la marge jusqu’à juillet, mais pas au-delà, car elle doit alors honorer des créances dont le montant s’élève à plus de 7 milliards d’euros. Mais la tenue d’élections en mars aux Pays-Bas, puis d’avril à juin en France et enfin en septembre en Allemagne pourrait retarder encore le processus de décision. Les négociations entre Athènes et ses créanciers butent depuis des mois sur les différences d’évaluation de la situation économique de la Grèce dans les prochaines années et les remèdes à lui proposer.
Non convaincu par les arguments des Européens, le FMI, qui a joué un rôle central lors des deux premiers plans de sauvetage de la Grèce, en 2010 et 2012, traîne des pieds pour participer financièrement au troisième. Le FMI joue pour l’instant le rôle de simple conseiller technique, au grand dam de Berlin qui souhaiterait le voir s’engager davantage, jugeant le Fonds garant d’une certaine rigueur. Le FMI estime tout d’abord que les objectifs budgétaires fixés à Athènes par les Européens sont trop ambitieux. Le FMI table sur un excédent budgétaire primaire grec (hors intérêts de la dette) de 1,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2018 ; la zone euro s’attend, elle, à 3,5 %. Pour que l’objectif de 3,5 % du PIB soit atteint en 2018 et au-delà – comme l’attendent les Européens –, le FMI demande au gouvernement grec de prendre dès maintenant des mesures permettant de dégager les 2 % de PIB manquants. Il s’agirait d’une réforme des retraites (permettant de réduire les dépenses) et des mesures fiscales (pour augmenter les recettes). Une demande que rejette pour l’instant le gouvernement de gauche du premier ministre, Alexis Tsipras, qui estime de toute façon que sa faible majorité au Parlement grec ne lui permettrait pas de faire adopter ce nouveau tour de vis. Deuxième point d’achoppement, le nombre d’années pendant lesquelles la Grèce doit dégager un excédent budgétaire primaire de 3,5 % du PIB après 2018. Enfin, troisième pomme de discorde : la dette grecque, qui s’élevait à près de 180 % du PIB en 2016. Le Fonds monétaire international la juge « explosive » et souhaiterait des allégements significatifs ; ce que l’Allemagne, première créancière d’Athènes, refuse. Selon ses règles internes, le FMI ne peut accorder de prêt à un Etat que s’il juge sa dette soutenable. En l’absence d’un déblocage lundi, les espoirs pourraient se tourner vers une autre importante rencontre à Berlin mercredi de la chancelière, Angela Merkel, et de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde.
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PSA maintiendra Opel en l’état. Le groupe automobile français PSA prévoit de maintenir les usines allemandes d’Opel et de ne procéder à aucun licenciement jusqu’en 2019 au moins, s’il acquiert, comme il le souhaite, les activités européennes de General Motors, rapporte dimanche un journal allemand, le Bild am Sonntag.
Le Vatican, sous l’impulsion du pape François, lutte contre le blanchiment.Le Vatican a gelé l’an dernier 2 millions d’euros d’origine douteuse dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent lancée par le pape François, a annoncé samedi le procureur du Saint-Siège. D’après Gian Pietro Milano, dont le titre officiel est promoteur de justice, un total de 13 millions d’euros ont été gelés entre 2013 et 2016.
Transferts d’armes records. Les transferts d’armes ces cinq dernières années dans le monde ont atteint un niveau record depuis la guerre froide, tirés par la demande du Moyen-Orient et de l’Asie, a indiqué lundi l’institut indépendant Sipri. Entre 2012 et 2016, l’Asie et l’Océanie ont compté pour 43 % des importations mondiales d’armement conventionnel en volume, une hausse de 7,7 % par rapport à la période 2007-2011, selon l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm.
Disparition du président de la FNSEA. Le principal syndicat agricole français, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), a annoncé dimanche le « décès brutal », à l’âge de 58 ans, de son président Xavier Beulin, qui était aussi le patron du groupe Avril (Lesieur, Puget, Matines). « Agé de 58 ans, il a donné tout ce qu’il avait pour les idées d’un syndicalisme ouvert et indépendant », écrit la FNSEA dans son communiqué. « Engagé depuis l’âge de 17 ans pour l’agriculture, Xavier Beulin a donné au syndicalisme et aux filières agricoles des lettres de noblesse et un élan incomparable », poursuit le syndicat, qui exprime sa « tristesse ».
Amazon embauche massivement. Amazon veut créer « 1 500 emplois en CDI supplémentaires d’ici la fin de l’année 2017 » dans l’Hexagone, où le groupe américain de commerce en ligne compte déjà plus de 4 000 salariés, selon un communiqué publié lundi.
L’Irak gorgé de pétrole. Les réserves prouvées de pétrole de l’Irak ont augmenté de 10 milliards de barils, à 153 milliards de barils, a indiqué dimanche dans un communiqué le ministre du pétrole, Jabbar Al-Luaibi. Ce pays détient les cinquièmes plus importantes réserves de pétrole après le Venezuela, l’Arabie saoudite, le Canada et l’Iran.
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Micro-Macro |
par Thibaut Soulcié |
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Dans la presse étrangère |
Le bilan en mi-teinte de Rafael Correa en Equateur |
Le président Rafael Correa serre chaleureusement Lenin Moreno, candidat à sa succession, le 19 février à Quito. RODRIGO BUENDIA / AFP
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Rafael Correa, élu à la tête de l’Equateur en 2006, a passé une décennie au pouvoir. Au cours de ses mandats successifs, il a apporté une stabilité politique rare au pays, rappelle The Economist. Le niveau de vie a augmenté et les services publics se sont améliorés. Mais la corruption domine encore. Pour l’élection présidentielle, dont le premier tour a eu lieu hier, Rafael Correa compte sur Lenin Moreno, ancien vice-président. Les résultats sont attendus dans la journée. Quel que soit le résultat, l’Equateur, pays de 16 millions d’habitants, fait face à de grandes incertitudes. La diminution par deux du prix du pétrole depuis 2014, principale source d’exportations, a conduit le pays à la récession et aggravé le déficit budgétaire, proche de 6 %. Le prochain président ne pourra se permettre les largesses de M. Correa envers la population. Il avait utilisé la manne pétrolière pour construire le « socialisme du XXIe siècle » avec plus de routes, d’écoles, de cliniques et de logements sociaux, sans tomber dans les dérives inflationnistes d’Hugo Chavez et Nicolas Maduro au Venezuela. Le taux de pauvreté a reculé, passant de 40 % en 2006 à moins de 23 % en 2016. Mais l’économie est restée vulnérable : la dette publique a triplé, à plus de 50 % du PIB, et les frais sur celle-ci deviennent très élevés. Le pays n’est pas assez attractif pour les investisseurs étrangers et, récession aidant, le chômage et la pauvreté repartent à la hausse. Sur le plan politique, son autoritarisme et la corruption posent problème. Des scandales liés à la construction, notamment avec le groupe brésilien Odebrecht, ont ainsi miné son crédit, aboutissant à une campagne présidentielle rythmée par ses échecs plus que par ses succès. M. Moreno a promis des mesures pour les pauvres, telles que l’augmentation des retraites et la construction de logements pour tous. Ses opposants ont quant à eux promis de défaire l’héritage Correa, en renforçant les droits de l’homme, l’indépendance de la justice et en réduisant le déficit budgétaire. Guillermo Lasso, un banquier conservateur, pourrait l’emporter s’il y avait un second tour face à M. Moreno. Les partis d’opposition ont toutefois omis de présenter une liste unifiée lors des élections à l’Assemblée nationale, augmentant ainsi les chances qu’Alianza PAIS, le parti de M. Correa, conserve le contrôle au Parlement. Cela pourrait rendre la tâche plus difficile pour le prochain président en cas de défaite de M. Moreno.
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Etudes & documents |
Maroc – les nombreux défis d’un pays en mutation. La forte progression du produit intérieur brut par habitant en quinze ans illustre la transformation progressive du Maroc d’un pays encore assez rural à un pays un peu plus industrialisé. Mais le processus de développement se heurte aux contraintes classiques des pays émergents. Néanmoins le Maroc bénéficie d’une bonne image de stabilité politique. Pour soutenir sa transition à moyen terme et l’accélérer, le pays devra toutefois relever de nombreux défis sociaux et de gouvernance.
France, Italie : peut-on éviter l’austérité ? Plusieurs partis politiques, en France et en Italie, critiquent l’austérité et pensent qu’on peut sortir ces deux pays de leurs difficultés par des politiques d’expansion et non par des politiques d’effort. La France et l’Italie peuvent-elles aujourd’hui éviter l’austérité ? Remarquons d’abord que, dans les deux pays, relancer la demande est inefficace tant que l’appareil productif n’est pas en état de répondre à une progression de cette demande ; remarquons ensuite que sortir de l’euro et dévaluer conduirait en réalité à une violente austérité, avec la hausse du poids des dettes et la hausse des taux d’intérêt ; observons que la France et l’Italie ont un problème très important de compétitivité vis-à-vis de l’Espagne, qui a le même niveau de gamme ; soit ce problème de compétitivité est corrigé (par le freinage des salaires, par la baisse des impôts des entreprises) et il y a effectivement austérité ; soit il ne l’est pas, et la disparition de l’industrie se poursuit ; la concurrence fiscale est de plus en plus vive en Europe, mondialement ; et maintenir une pression fiscale très au-dessus de celle des autres pays, en particulier sur les entreprises et sur les revenus du capital, pour financer des dépenses publiques (protection sociale par exemple) aussi plus élevées, est de plus en plus pénalisant. Relancer la demande, sortir de l’euro et dévaluer, ne pas corriger le déficit de compétitivité, prévoir une hausse des dépenses publiques et donc de la pression fiscale paraît donc très dangereux, sinon irresponsable, en France et en Italie.
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