Lu dans le Dauphiné Libéré du 6/01/2017
LE BILLET
PAR ANTOINE CHANDELLIER
La droite touchée
par la précarité
Comme disait un ancien président à la voix chuintante, la gauche n’a pas le
monopole du cœur.
Reprenant à son compte la maxime, François Fillon,
candidat suspecté d’excès de libéralisme, a choisi de faire sa rentrée chez
Emmaüs.
Étayant son idée-force selon laquelle pour sauver le modèle social il
faut l’alléger, il est venu rappeler que lui aussi était sensible à ce sentiment
d’exclusion qu’est la précarité.
Ses parents étaient impliqués dans l’association
de l’abbé Pierre dont l’appel, autre signe troublant, remonte à son année
de naissance : 1954.
Attaquant 2017 en mode “peuple” et “solidaire”, n’en
fait-il pas un peu trop, le champion de la droite ? Exit le signe extérieur de
richesse, l’avenir est au modeste. De là à nous cacher ce château aux 14
hectares que l’électeur ne saurait voir, c’est un poil « too much » comme dirait
Pénélope son épouse bien-aimée.
De quoi précariser son statut de favori ?
Un qui n’est pas dupe chez les Républicains, c’est Henri Guaino, tenant du
gaullisme social. Il ne reconnaît plus le Fillon qu’il a connu, naguère, sous la
houlette de leur mentor Philippe Seguin. Et n’a pas de mots assez durs pour
dénoncer l’atteinte à l’héritage du général. Guaino, lui, la précarité, ça le
connaît. À l’entendre, son salaire de député - 5100€ - lui permet juste de
boucler les fins de mois. Inutile de conseiller à l’élu des Yvelines de s’exiler de
la trop chic et chère banlieue ouest, c’est bien ce qui lui pend au nez tant son
investiture semble désormais fragile.
La précarité n’est pas qu’affaire maté-
rielle. C’est aussi la menace de perdre son rang et son statut protecteur.
En la
matière, Nicolas Sarkozy revenu à ses passions privées a de quoi méditer, lui
qui ne peut même plus prendre les sens interdits à vélo. À Saint-Tropez,
pendant les fêtes, un simple policier municipal est venu rappeler la loi à l’expartisan
de la tolérance zéro. Dur, dur, la vie de simple justiciable.
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