Catherine Monnet, journaliste de passage dans les Alpes-maritimes, en est encore toute retournée quand elle raconte la chose sur sa page Facebook.
« Je n’arrive pas à oublier cette scène : la porte de l’église de la Miséricorde s’ouvre, prête à accueillir une quarantaine de migrants. Un asile pour la nuit. En attendant que l’État et les pouvoirs publics “se ressaisissent et prennent en charge les demandeurs d’asile, en particulier les mineurs mis en danger par leur inaction”. C’est tout ce que demandent les habitants solidaires et le collectif Roya citoyenne qui n’arrivent plus à faire face, seuls, à l’arrivée de migrants de plus en plus jeunes qui franchissent à pied, de nuit, la frontière franco-italienne.
Le maire, en vacances, ne veut pas ouvrir de salle municipale. Mais l’évêque, lui a bien voulu ouvrir son église, tout comme, d’ailleurs, le responsable de la petite salle de prière musulmane située juste en face. Les portes s’ouvrent donc, la lumière s’allume, mais la police se déploie en force pour en barrer l’accès. La place est entièrement encerclée. L’église restera vide.
Les jeunes exilés sont poussés dans des fourgons de police, fouillés et embarqués. Cédric Herrou, qui s’était déclaré responsable légal de trente-quatre mineurs qu’il avait recueillis en urgence, restera en vain pendant une heure dans le froid devant les locaux de la PAF, police de l’air et des frontières, de Menton pour avoir de leurs nouvelles. Il en aura finalement dans la nuit. Dix-sept mineurs reviendront chez lui à pied. Tous racontent la même chose : l’ensemble du groupe a été mis dans le premier train pour Vintimille. À aucun moment, leurs droits, en tant que mineurs déclarés n’ont été appliqués. »
Cédric Herrou habite à trois kilomètres de la frontière italienne et sa maison est la première sur le chemin quand on arrive en France. On frappe à la première porte quand on a faim, quand on a froid, quand on est perdu, quand on est malade ou blessé. Toi, tu donnes bien à manger au chat errant ou au chien efflanqué qui passe chez toi. Toi, tu as une assiette de soupe chaude pour le pauvre diable qui frappe à ta porte.
« Si ça continue comme ça, je crois que je vais finir en prison. On me demande de fermer ma porte à double tour et de clôturer mon terrain pour que personne ne rentre chez moi. On me demande, quand je prends la voiture la nuit, quand je rentre de mes livraisons tard le soir, quand je croise des mineurs ou des femmes avec des enfants, on me demande de tourner la tête et de ne pas regarder. On me demande de fermer les yeux sur les mafieux qui travaillent dans la prostitution, dans le passage [de la frontière], dans la pédophilie. On me demande de laisser les gamins là-dedans. Et moi je ne peux pas ! » (Cedric Herrou, dans un entretien diffusé par France 3 Provence-Alpes le 30 novembre 2016)
Cédric Herrou, je t’en ai déjà parlé ici, comparaît le 4 janvier 2017 devant le tribunal de grande instance de Nice. Il risque 5 ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende pour « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière. » Interdit de donner un coup de main. En ces temps où la justice ne trouve rien à reprocher à Christine Lagarde pour les quatre-cent-cinq millions d’euros volés avec son aide !

Un appel à l’aide à partager impérativement

Cédric, lui, il n’est pas archevêque au Fond Monétaire International. On peut lui pourrir la vie. Il est fragile. Il a une petite famille. Il habite en campagne où voiture et permis de conduire sont indispensables. Il élève des poules pondeuses qui mangent du grain qui vient d’à côté de chez lui mais côté Italie. Il vend ses œufs et ses olives sur les marchés du coin. Il a besoin de son téléphone pour le boulot. Il n’a pas une surface financière digne de figurer dans Challenges Capital et la justice peut trouver mille et une ruses pour tuer Cédric à petit feu.
C’est à nous tous d’affirmer que la solidarité n’est pas un crime. Qu’héberger et nourrir des pauvres gens, qu’ils soient réfugiés ou clochards, n’est pas un délit. Que la collectivité publique doit enfin faire son travail de protection des plus fragiles au lieu de condamner les braves gens bénévoles qui colmatent les trous. Cédric a besoin d’un coup de main.
Un rassemblement est organisé sur la place du palais de Justice de Nice à partir de 13h30 ce mercredi 4 janvier. Et il y aura du monde. J’ai vu une offre de covoiturage au départ de… Besançon ! Il y aura du monde. Éric Ciotti, le duce des Alpes-maritimes, s’en étrangle à l’avance de haine et de fureur :  les lecteurs du quotidien Nice-Matin ont désigné Cédric Herrou Azuréen de l’annéeavec 55% des suffrages ! Des milliers de votes pour Cédric quand le deuxième nominé, un footballeur connu, est très loin derrière avec 11% !
Le dernier monument, en l’honneur de Claire Marsol, a été beaucoup lu parce que beaucoup partagé. Partage à tout va sur tous les réseaux sociaux. Qu’on se le dise : Cédric a besoin d’un coup de main.