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jeudi 20 octobre 2016

Hollande - Valls, l’ultime match du quinquennat

Hollande - Valls, l’ultime match du quinquennat

Face à un Président qui est parvenu à s’isoler de ses derniers soutiens, le premier ministre consolide ses réseaux et mène la bataille dans le huis clos d’une dramatique fin de règne.

LE MONDE  • Mis à jour le  | Par 

                 François Hollande, accompagné de Matthias Fekl - secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger, et Manuel Valls (à gauche) à la sortie du Conseil des ministres, au Palais de l’Elysée, à Paris, le mercredi 19 octobre.

François Hollande, accompagné de Matthias Fekl - secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger, et Manuel Valls (à gauche) à la sortie du Conseil des ministres, au Palais de l’Elysée, à Paris, le mercredi 19 octobre. ALAIN JOCARD / AFP

Valls n’est pas Macron. Il ne plantera pas un poignard dans le dos du président de la République, il ne tuera pas le père, mais il ne se fera pas hara-kiri non plus. La situation peut bien paraître désespérée, il se battra comme il l’a toujours fait. Pour lui-même et pour ses idées. Le premier ministre veut faire en sorte que le social-réformisme ne meure pas avec le quinquennat, et si cela doit passer par une candidature à la primaire de janvier 2017 pour affronter Arnaud Montebourg et le battre, il fera tout ce qu’il faut pour y parvenir.
L’ultime match du quinquennat, le plus serré aussi, vient de débuter : Valls défie Hollande et mène la bataille dans le huis clos d’une dramatique fin de règne où se jouent le sort des hommes et l’avenir du socialisme. L’issue sera connue à la mi-décembre lorsque François Hollande annoncera aux Français s’il est ou non candidat à sa succession. D’ici là, ce sera une guerre de mouvement, déjà bien entamée par le premier ministre, qui clame sa loyauté mais fait tout pour être candidat à la place du président de la République, tant l’image de ce dernier apparaît dégradée.
Il aura suffi d’un livre justement titré Un président ne devrait pas dire ça, par les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock, 2016), pour que toutes les fragilités d’une présidence trop solitaire et par certains côtés trop légère remontent à la surface et viennent mettre à bas toute la construction qui avait été laborieusement bâtie avant l’été : François Hollande candidat à sa réélection pour défendre l’Etat de droit face à une droite qui veut tout casser.

Champ de ruines

La casse est en réalité dans le camp du président, qui est parvenu à s’isoler de ses derniers soutiens et à faire douter les parlementaires et les élus locaux, qui ne font même plus mine de le soutenir. Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale affiche spectaculairement sa distance, le fidèle Jean-Marc Ayrault aussi.
Le président les a blessés par de maladroites confidences. Valls en profite pour consolider ses réseaux, polir son image, arrondir les angles avec ceux qui l’ont combattu au sein de la majorité du Parti socialiste au prétexte qu’il était trop droitier.
Sur le champ de ruines qu’est la gauche, le premier ministre conserve encore quelques atouts : aux yeux des Français, il apparaît plus courageux, plus compétent et davantage capable de réformer la France que le président de la République, si l’on en croit le dernier sondage Elabe pour BFM-TV.
Valls pousse son avantage comme il l’a toujours fait : quand il sent la situation désespérée, il crée un rapport de force et tente de l’imposer. C’est ainsi qu’il s’était fait nommer à Matignon au lendemain des catastrophiques élections municipales de mars 2014. A l’époque, il s’agissait de sauver François Hollande.
Cette fois, il s’agit de sauver la gauche réformiste contre François Hollande, qu’il aura réussi à pousser dans ses tout derniers retranchements. Pour contre-attaquer, le président ne dispose plus que deux armes : son statut, qui le protège encore deux mois, et son ressort intime, qui lui ferait enfin renouer le fil avec les Français.

En savoir plus sur :  http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/10/20/hollande-valls-l-ultime-match-du-quinquennat



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