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mercredi 28 septembre 2016

L'ECONOMIE- Mercredi 28 septembre 2016

L'ECONOMIE


Mercredi 28 septembre 2016


Budget 2017 : le scénario de Bercy mis en doute



Le ministre de l’économie et des finances Michel Sapin lors de la présentation du projet de loi de finances 2017, le 28 septembre.
Le ministre de l’économie et des finances Michel Sapin lors de la présentation du projet de loi de finances 2017, le 28 septembre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
L’Etat devrait dépenser 7,4 milliards d’euros net de plus en 2017 qu’en 2016, en raison des mesures destinées à financer les nouvelles priorités, comme la lutte contre le terrorisme, a annoncé mercredi le ministère des finances lors de la présentation du projet de budget pour l’an prochain. Le déficit budgétaire de l’Etat, l’une des trois composantes du déficit public, avec ceux de la Sécurité sociale et des collectivités locales, devrait néanmoins légèrement reculer, pour atteindre 69,3 milliards d’euros, après 69,9 milliards d’euros cette année, a précisé Bercy. Outre les rallonges accordées aux ministères jugés prioritaires, cette baisse modeste s’explique par la baisse de 1 milliard d’euros de l’impôt sur le revenu, qui viendra grever les recettes, et par les baisses de charges des entreprises dans le cadre du pacte de responsabilité, pour lesquelles l’Etat verse des compensations à la « Sécu ». Dans le détail, la totalité de la dépense prévue pour l’Etat passera de 374,3 milliards d’euros en 2016 à 381,7 milliards l’an prochain. Les recettes devraient elles aussi augmenter, passant de 301,7 milliards à 307 milliards, avec notamment une hausse attendue de 4,4 milliards d’euros des rentrées de TVA (taxe sur la valeur ajoutée). Parmi les missions prioritaires de l’Etat, l’éducation se verra dotée de 3 milliards d’euros supplémentaires, avec notamment plus de 11 000 créations de poste. Le ministère de l’emploi bénéficiera d’une rallonge de 2 milliards d’euros, et la sécurité, de 2 milliards d’euros également, avec par exemple 2 100 effectifs supplémentaires à la justice et 1 746 à l’intérieur. Le ministère de l’économie et des finances devra, lui, se serrer la ceinture : il perd notamment 1 540 postes. En incluant les comptes de la Sécurité sociale et des collectivités locales, la dépense publique totale devrait progresser de 1,6 %, d’après les calculs du ministère. Le gouvernement, malgré tout, assure qu’il tiendra son objectif de réduction du déficit public, qui englobe donc les comptes de l’Etat, mais aussi de la Sécurité sociale et des collectivités locales, à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB).
Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a mis à mal mardi les grandes lignes du projet de budget 2017. Le Haut Conseil dit s’inquiéter du scénario retenu par Bercy, qui « tend à s’écarter du principe de prudence ». En cause, notamment, l’hypothèse de croissance maintenue par le gouvernement à 1,5 % du produit intérieur brut, malgré les mauvais résultats du deuxième trimestre 2016 (– 0,1 %) et en dépit des multiples inquiétudes pesant sur l’année 2017. Le chiffre de 1,5 % « est optimiste compte tenu des facteurs baissiers qui se sont matérialisés ces derniers mois », relève le HCFP, qui cite notamment les « incertitudes liées au Brexit », l’« atonie persistante du commerce mondial » et les« conséquences des attentats » sur le tourisme. Plusieurs organisations économiques ont ainsi revu à la baisse leur hypothèse de croissance en France pour 2017, à l’image de l’OCDE, qui table désormais sur une hausse du PIB de 1,3 %, ou bien du Fonds monétaire international, qui parie sur 1,2 % seulement. Le Haut Conseil émet aussi des doutes sur le montant des recettes retenues par le gouvernement, jugeant les hypothèses de Bercy « favorables ». Il pointe par ailleurs des risques de dérapage du côté des dépenses, jugés « plus importants en 2017 que pour les années précédentes », en raison notamment du « caractère irréaliste des économies prévues sur l’Unédic » et des « fortes incertitudes » sur les économies réclamées à l’Assurance-maladie. Une série de facteurs qui conduisent le Haut Conseil à qualifier d’« improbable » la réduction du déficit public à 2,7 % promise par le gouvernement, et même d’« incertain »le retour sous la barre des 3 %, attendu impatiemment par Bruxelles. Le gouvernement est critiqué depuis plusieurs semaines par l’opposition, qui lui reproche de jouer sur des « artifices budgétaires », comme la sous-évaluation du coût des dépenses, pour boucler son budget, et de ne pas tenir compte des risques qui pèsent sur l’activité économique. Michel Sapin a néanmoins défendu mercredi le « sérieux » et la « cohérence » de son projet de budget pour 2017, balayant, un peu vite, les critiques.
Alstom : droit d’alerte économique. Le comité central d’entreprise (CCE) d’Alstom, dont les salariés ont manifesté mardi pour la sauvegarde de l’emploi sur le site menacé de Belfort, a voté un droit d’alerte économique sur le groupe et mandaté un cabinet d’experts, a appris Reuters de source syndicale. Le droit d’alerte économique est une procédure que le CCE peut déclencher pour obtenir un état précis de la situation d’une entreprise si celle-ci est jugée préoccupante. Les syndicats sont dans l’attente de propositions du gouvernement, détenteur provisoire de 20 % des droits de vote au sein du groupe, pour sauver le site de Belfort, spécialisé dans la fabrication de motrices, dont la direction a annoncé il y a quinze jours le transfert en Alsace.
Nouvelles mesures de rigueur en Grèce. Le Parlement grec a adopté mardi soir de nouvelles mesures de rigueur, réclamées par les créanciers du pays et concernant surtout le transfert à l’Agence des privatisations des sociétés publiques de l’eau et de l’électricité.
Kim reconduit à la tête de la Banque mondiale. L’Américain Jim Yong Kim, 56 ans, a été reconduit mardi dans ses fonctions de président de la Banque mondiale (BM), l’institution phare du développement économique, grâce au soutien unanime des Etats membres et malgré un bilan hautement contesté en interne.
Coloniser Mars. L’entreprise SpaceX développe un lanceur et une capsule énormes capable de transporter des dizaines de passagers vers Mars avec l’objectif ultime de coloniser la planète rouge, a déclaré mardi son PDG, le milliardaire Elon Musk. L’entrepreneur, qui dirige également le fabricant de voitures électriques Tesla, a dévoilé ce projet de fusée pouvant transporter 100 passagers ainsi qu’une cargaison, même si SpaceX enquête toujours sur les raisons pour lesquelles un autre de ses lanceurs a explosé sur son pas de tir de cap Canaveral au début de septembre.
EDF valide le projet Hinkley Point. Le conseil d’administration d’EDF a confirmé mardi sa décision d’investir dans le projet de construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point (Royaume-Uni) en acceptant les conditions fixées par Londres, ont annoncé à l’Agence France-Presse des sources proches du dossier.

Micro-Macro

par Thibaut Soulcié
Dessin de Thibaut Soulcié
100 millions d’euros
SNCF Réseau, l’entreprise qui gère le réseau ferré français, s’est vu notifier un redressement fiscal qui « pourrait lui coûter 100 millions d’euros par an », selon l’édition des Echos datée de mercredi. La situation fiscale de SNCF Réseau a fait l’objet d’un contrôle entre juillet 2015 et juillet 2016, et « plusieurs chefs de redressement ont été présentés », déclarait déjà l’entreprise dans son rapport financier semestriel publié à la fin de juillet. Le fisc a notamment l’intention de requalifier en subvention la somme versée par l’Etat pour payer les péages des TER à la place des régions –  l’exception de l’Ile-de-France – soit « un montant annuel d’environ 1,3 milliard d’euros », précisent Les Echos.

Dans la presse étrangère

Les femmes peu présentes dans les hauts revenus britanniques

L’écrivain J. K. Rowling, la femme la mieux payée du Royaume-Uni.
L’écrivain J. K. Rowling, la femme la mieux payée du Royaume-Uni. JOEL RYAN/AP
La situation est choquante : il y a très peu de femmes parmi les personnes les plus riches du Royaume-Uni et d’autres pays de l’OCDE, selon un rapport publié par la London School of Economics, mentionné par la BBC. Sur les 53 000 personnes les mieux payées au Royaume-Uni en 2013, seules 9 % étaient des femmes. Le rapport met en évidence un « plafond de verre » des revenus, les femmes étant une minorité distincte parmi les plus riches. Au Royaume-Uni, tandis que la proportion de femmes parmi les 10 % et 1 % les plus riches de la population avait augmenté depuis les années 1990, la part des femmes dans la tranche de 0,1 % des plus riches a peu changé. Seules quelques-unes ont des revenus très élevés, avec à leur tête J. K. Rowling, l’auteure de la série Harry Potter, qui a touché 45,4 millions de livres selon le Daily Mail. La London School of Economics a également examiné l’Espagne, le Danemark, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Italie, l’Australie et la Norvège, parce que, comme au Royaume-Uni, les hommes et les femmes sont imposés séparément. Le rapport indique que, bien que des progrès dans la diffusion entre les sexes de la richesse aient été réalisés parmi les 10 % des personnes les plus riches, les femmes représentent encore moins d’un quart des 1 % de salariés les mieux payés dans les huit pays considérés. Sam Smethers, directrice générale de la Société Fawcett, a déclaré que c’était « déprimant, mais pas surprenant ». Elle ajoute : « Il y a des obstacles structurels et culturels au travail et nous devons répondre à la question de façon proactive si nous voulons voir plus de progrès des femmes. » Parmi les facteurs qui expliquent la faiblesse de la part des femmes au sommet de la hiérarchie salariale, « un biais inconscient, avec les hommes recrutant à leur propre image à partir des réseaux informels, une culture dominée par les hommes et l’impact inégal des rôles au sein de la famille, tout ceci contribuant à perpétuer cette situation au sommet. Cela doit changer ».
« Je ne sais pas aujourd’hui quelle sera la nature du plan qui sera mis en œuvre par le gouvernement dans les jours qui viennent (…) » « Aujourd’hui », du côté d’Alstom, « nous ne voyons pas d’issue structurelle » pour la production de trains sur le site de Belfort
C’est ce qu’a expliqué mardi Henri Poupart-Lafarge, le PDG du groupe Alstom, auditionné à l’Assemblée nationale.
L'éco & moi
Développement durable. Lutter contre la pollution de l’air : un enjeu mondial. Pas moins de 92 % des habitants de la planète vivent dans des lieux où les niveaux de qualité de l’air extérieur ne respectent pas les limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), selon un rapport publié mardi. Le rapport s’appuie sur des données provenant de 3 000 lieux à travers le monde, essentiellement des villes. Il a été élaboré en collaboration avec l’université de Bath au Royaume-Uni. Les niveaux de pollution de l’air ambiant sont « particulièrement élevés » en Méditerranée orientale, dans l’Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental, indique le rapport. A l’exception de la région des Amériques, toutes les autres régions du monde ont moins de 20 % de leur population vivant dans des lieux où la qualité de l’air correspond aux normes de l’OMS. L’institution compte parmi les principales sources de pollution de l’air « les modes de transport inefficaces, les combustibles ménagers, la combustion des déchets, les centrales électriques alimentées au charbon et les activités industrielles ». L’activité humaine ne constitue pas la seule source de pollution de l’air.« Les tempêtes de sable, en particulier dans les régions situées à proximité d’un désert, peuvent avoir une influence sur la qualité de l’air », note ainsi l’agence onusienne. Grâce à ces nouvelles données, les experts espèrent encourager les Etats à faire davantage d’efforts pour réduire la pollution de l’air intérieur et extérieur, alors qu’en septembre 2015 les dirigeants du monde ont fixé parmi les objectifs de développement durable une nette réduction d’ici à 2030 du nombre de morts et de maladies dues à la pollution de l’air. Quelque 3 millions de morts par an sont liées à l’exposition à la pollution de l’air extérieur, selon l’OMS. En 2012, 6,5 millions de morts (soit 11,6 % des morts dans le monde) étaient associés à la pollution de l’air extérieur et à la pollution de l’air intérieur.
Etudes & documents
Entreprendre dans les quartiers : les conditions de la réussite. A rebours de bien des idées reçues, les ZUS ne sont ni des déserts entrepreneuriaux ni des no man’s land économiques. Au contraire, ce sont des gisements d’initiatives méconnus. La raison en est simple : la création d’entreprises y est souvent un moyen de se réaliser et d’échapper à sa condition d’origine. Jeunes, éduqués, réactifs, les entrepreneurs des quartiers ne sont pourtant pas fondamentalement différents des autres. Non seulement ils ne sont pas moins performants que leurs homologues des autres territoires, mais ils ne se cantonnent pas à quelques secteurs d’activité comme les services aux particuliers ou le commerce de détail. Ils n’ont pas non plus choisi ce chemin pour échapper au chômage : la très grande majorité d’entre eux étaient en emploi au moment où ils ont décidé de créer leur entreprise. Enfin, ils rencontrent le même genre de difficultés que les autres entrepreneurs. C’est quand il s’agit de se développer ou de changer d’échelle que les choses se compliquent. Or dépasser les limites du marché local pour franchir un cap dans leur croissance et ainsi assurer leur pérennité est un enjeu souvent vital pour ces entreprises. Les recommandations formulées dans l’étude mettent en avant la nécessité de mieux connaître et reconnaître la qualité de ces entrepreneurs d’une part, et d’adapter différents outils et dispositifs d’autre part pour favoriser leur développement.
L’enseignement supérieur français par-delà les frontières : l’urgence d’une stratégie. Avec plus de 600 programmes à l’étranger, l’enseignement supérieur français s’exporte bien mais reste loin derrière les pionniers anglo-saxons. Un retard concurrentiel qui traduit l’absence de stratégie affirmée des établissements.

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