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samedi 30 juillet 2016

Adama Traoré "a pris le poids de nos corps à tous les trois", ont dit les gendarmes devant les enquêteurs


Le Huffington Post

Adama Traoré "a pris le poids de nos corps à tous les trois", ont dit les gendarmes devant les enquêteurs

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         ADAMA TRAORE
                             Les gendarmes ont-ils causé un "syndrome asphyxique" à l'origine de la mort d'Adama Traoré? | AFP


FAITS DIVERS - Du nouveau dans l'affaire Adama Traoré. Alors que la justice a rejeté vendredi 29 juillet une troisième autopsie réclamée par la famille du jeune homme, mort lors de son arrestation par les gendarmes, L'Obs révèle des propos tenus par ces derniers sur procès verbal devant les enquêteurs. Ces déclarations pourraient expliquer le "syndrome asphyxique" à l'origine du décès.
"Nous avons employé la force strictement nécessaire pour le maîtriser", ont affirmé les gendarmes, qui ont en outre précisé selon L'Obs: "Il a pris le poids de nos corps à tous les trois au moment de son interpellation". Et ce alors que les deux rapports d'autopsie évoquaient une asphyxie à l'origine de la mort d'Adama Traoré sans pouvoir en expliquer la cause.
Interrogé, l'avocat de la famille se demande "si la mort de la victime ne résulterait pas par exemple d'une compression thoracique, méthode habituellement utilisée au cours de certaines interpellations, dont on sait qu'elle peut être mortelle". Il estime qu'Adama Traoré a été "écrasé par le poids de ces trois personnes réunies".
Ses proches demandent "vérité et justice"
A la suite de la deuxième autopsie, le procureur de la République de Pontoise a affirmé qu'"aucune trace de violences susceptible d’expliquer le décès" n'avait été retrouvée sur le corps d'Adama Traoré. Il a ajouté que "l'explication de la cause du décès ne pourra être apportée qu’avec l’ensemble des analyses [bactériologie, toxicologie, anatomopathologie]", dont les résultats arriveront "dans le courant du mois d’août".
En attendant, un rassemblement à l'appel des proches d'Adama Traoré était organisé devant la gare du Nord pour réclamer "vérité et justice", ce samedi 30 juillet à partir de 16h.
La marche a été empêchée
Les manifestants devaient ensuite marcher jusqu'à la place de la République mais en ont été empêchés par les forces de l'ordre au motif qu'ils n'en avaient pas l'autorisation, ont rapporté des journalistes sur place. Encerclés par les forces de l'ordre à proximité de la gare parisienne, les manifestants n'ont finalement pu défiler.
"C'est dommage", a déclaré à l'AFP Lassana Traoré, le frère d'Adama. "Ce n'est pas ce qu'il faut faire pour apaiser les esprits des jeunes, qui ne savent pas comment exprimer leur peine et leur frustration", a-t-il estimé.
La Préfecture de police de Paris "s'est opposée à un départ de cortège" pour "des raisons tenant à la protection des institutions", "à la préservation de l'ordre public" et pour assurer "la propre sécurité des manifestants", a-t-elle justifié dans un communiqué. Elle a par ailleurs souligné que la manifestation n'avait pas été déclarée.
"Black Lives Matter in France, Too"
La famille du jeune homme, qui espérait "que la marche se passe dans de bonnes conditions", accuse les gendarmes qui ont procédé à l'interpellation d'Adama Traoré de "bavure". Sa mort avait entraîné plusieurs nuits de violences à Beaumont-sur-Oiseet dans les communes voisines.
"Il a d'abord été fait mention d'une crise cardiaque, finalement on parle d'infection", a déclaré vendredi l'une des avocates de la famille, Me Noémie Saidi-Cottier, ajoutant que "ce qui est certain c'est qu'Adama est mort d'asphyxie. Elle peut s'expliquer de différentes manières et la famille veut connaître avec certitude les causes de cette asphyxie".
Aux Etats-Unis, le New York Times, s'est fendu ce même jour d'un éditorial très critique à propos de cette affaire, intitulé "Black Lives Matter in France, Too" ("les vies noires comptent aussi en France"). Une référence au mouvement "Black Lives Matter" qui dénonce les violences policières contre les Noirs outre-Atlantique, et dont les soutiens d'Adama Traoré ont repris les slogans.
"Plusieurs rapports d'associations de défense des droits de l'homme font état ces dernières années d'une culture bien ancrée de l'impunité parmi les policiers français, dénonce le NYT, conduisant à des violations des droits des minorités".
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