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lundi 30 mai 2016

Un article du Monde.fr : Pierre Gattaz : « Le sigle CGT est égal à chômage »




Le fiel et la haine de classe parfaitement incarnés par le donneur d'ordre du gouvernement... Plus que jamais il faut les faire céder ! Retrait! Retrait de la loi Travail de destruction des droits des salariés !
BV



Pierre Gattaz : « Le sigle CGT est égal à

 chômage »


LE MONDE |  • Mis à jour le  | Propos recueillis par 


                               Le président du Medef, Pierre Gattaz, à Paris le 27 mai.
Le président du Medef, Pierre Gattaz, à Paris le 27 mai. YANN RABANIER POUR LE MONDE


Grèves dans les raffineries et les entreprises de transport, contestation de la réforme du code du travail, négociations Unedic dans l’impasse… Le président du Medef, Pierre Gattaz, s’exprime sur les principaux dossiers de l’actualité sociale. Il se montre très virulent à l’égard de la CGT et exhorte le gouvernement à maintenir l’un des articles les plus controversés du projet de loi El Khomri : celui qui donne la primauté aux accords d’entreprise.

Même si elle draine moins de manifestants qu’à ses débuts, il y a deux mois et demi, la contestation contre le projet de « loi travail » continue. Que vous inspire-t-elle ?

Un ras-le-bol, qui est partagé par une multitude de dirigeants d’entreprises. En particulier parmi les plus petites car elles voient leur approvisionnement bloqué, et les personnes qu’elles emploient ne peuvent plus aller travailler. Cela se traduit aussi par du temps perdu, parfois par des clients perdus. Le pays n’a pas besoin de cela. Ces blocages, qui sont la plupart du temps illégaux, vont créer du chômage. C’est pourquoi nous demandons le retour de l’Etat de droit.

Vous trouvez que le gouvernement devrait être encore plus ferme qu’à l’heure actuelle ?

Il faut tout faire pour ne pas céder au chantage, aux violences, à l’intimidation, à la terreur. Ce n’est pas ma conception du dialogue social mais c’est visiblement celle de la CGT. Faire respecter l’Etat de droit, c’est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays. Certains de leurs agissements relèvent du pénal. Quand le syndicat du livre-CGT empêche la parution de quotidiens au motif que ceux-ci ont refusé de publier le tract de monsieur Martinez, il me semble que l’on est dans une dictature stalinienne. C’est très grave.

Vous y allez très fort…

La CGT dérive. Elle perd des voix aux élections professionnelles dans des grandes entreprises. Elle est en décalage avec les attentes des salariés. Elle se radicalise, elle se politise. Lorsque je vois des personnes qui participent à des blocages alors qu’elles ne sont pas concernées par le projet de loi El Khomri car elles sont fonctionnaires ou bénéficient d’un statut particulier – à la RATP, chez EDF, à la SNCF –, je dis qu’elles se placent dans l’illégalité. Leurs motivations vont bien au-delà du projet de loi El Khomri, elles sont politiques. On ne peut pas laisser une minorité agissante, révolutionnaire, paralyser l’économie. C’est la capacité de la France à se réformer qui est en jeu. Pour moi, le sigle CGT est égal à chômage.

Des voix s’élèvent pour réclamer un réaménagement de l’article 2 du projet de loi El Khomri afin de donner un pouvoir de contrôle des branches sur les accords d’entreprise. Qu’en pensez-vous ?

Il ne faut surtout pas toucher à cet article 2 : c’est la seule disposition intéressante qui subsiste après les réécritures successives du texte. Il fait prévaloir l’accord d’entreprise et permet ainsi aux employeurs de négocier avec les salariés des règles adaptées aux réalités du terrain. S’il disparaissait, nous demanderions le retrait du projet de loi.

Ne trouvez-vous pas que d’autres dispositions vont dans le sens des entreprises, par exemple celles sur les licenciements économiques dans les TPE ?

Le drame de cette loi est qu’elle a tout complexifié, entre la première version dévoilée à la mi-février et celle adoptée début mai avec l’aide du 49.3. Il y avait initialement des mesures positives qui auraient pu lever la peur d’embaucher mais elles ont été retirées sous la pression des syndicats – par exemple le plafonnement des indemnités prud’homales. Parallèlement, des mesures nocives ont été ajoutées, semaine après semaine. Au départ, il était question de donner la possibilité aux dirigeants de PME de négocier directement avec leurs personnels sur le temps de travail. Finalement, les patrons devront s’adresser à un salarié mandaté par une organisation syndicale. Nous disons non ! Dans les entreprises à effectifs réduits, il n’y a pas besoin de passer par un syndicat pour discuter directement avec les salariés. Tout le monde se connaît.

Pourquoi cette méfiance à l’égard des syndicats ?

Il n’y a aucune méfiance à l’égard des syndicats. Mais il faut arrêter de penser que le dialogue social doit être institutionnalisé, bureaucratisé, formaté. En outre, cette idée de mandatement syndical dans les TPE-PME contraint les entreprises à parlementer avec des organisations dont certaines – la CGT, en particulier – utilisent des méthodes qui bafouent les lois républicaines. Et d’autres, comme FO, ne veulent pas créer d’emploi et le disent. Le dialogue social ne peut pas être imposé avec des partenaires qui ont un tel comportement ou de telles idéologies.

Si le texte n’est pas modifié dans le sens que vous souhaitez, allez-vous quitter la négociation en cours sur l’assurance-chômage ?

Tout est possible. Nous ne voulons qu’une chose : que le pays marche, que la France redevienne attractive, que l’emploi reparte. La loi El Khomri doit être améliorée pour qu’elle ait un effet sur l’emploi et pour déverrouiller le marché du travail. L’accent doit être mis en faveur des TPE-PME, afin qu’elles aillent mieux et qu’elles n’aient pas peur d’embaucher. Sinon, le projet de loi risque de ne servir à rien.

Courant mars, le Medef n’était pas fermé à l’idée de discuter d’une taxation des contrats courts dans le cadre de la négociation sur la nouvelle convention Unedic. Aujourd’hui, vous ne voulez plus en entendre parler. Pourquoi ?

Notre position n’a pas changé. Je n’ai jamais accepté d’entériner une hausse du coût du travail, quelle qu’elle soit. Celui-ci a déjà augmenté, année après année, contribuant à créer du chômage. S’agissant de l’Unedic, il faut avoir le courage de réformer le système et de faire des économies.

Comment ?

Depuis des années, on sort le carnet de chèques et on paye, en mettant toujours plus à contribution les entreprises, les ménages, les salariés. C’est la solution de facilité ; c’est même de la lâcheté et de l’irresponsabilité. Le régime d’assurance-chômage doit être repensé : comment peut-on mieux accompagner et mieux former les demandeurs d’emploi de longue durée qui sont dans la détresse ? Comment leur trouver un travail ? Une personne qui s’inscrit à Pôle emploi doit attendre sept mois en moyenne avant de se voir proposer une formation. Sept mois, c’est énorme ; les délais doivent être réduits. Il faut aussi résorber le phénomène de ces travailleurs qui enchaînent des contrats courts tout en percevant l’assurance-chômage. La durée d’indemnisation pourrait être corrélée à la conjoncture : raccourcie quand l’économie va mieux, rallongée quand le climat se détériore. Autre piste : rendre dégressives les allocations-chômage si le demandeur d’emploi ne recherche pas un poste ou refuse plusieurs offres valables.

Les syndicats ne signeront un accord sur l’Unedic que si celui-ci prévoit une contribution sur les CDD. Or, vous êtes contre. Les discussions sont vouées à l’échec ?

On va voir, tout est possible dans une négociation. Mais je suis extrêmement gêné à l’idée que l’on puisse taxer encore plus les contrats courts. Il ne faut pas le faire, c’est une hérésie. Il faut trouver d’autres solutions.

Même s’il s’agit d’une modulation qui prévoit sur certains contrats une hausse et sur d’autres une baisse ?

Je ne veux pas interférer sur la négociation. Mais ce scénario entraîne, de toute façon, un relèvement des contributions pour certaines situations. Or, il faut baisser le coût du travail et les charges. Cherche-t-on vraiment à améliorer la compétitivité des entreprises et donc à créer de l’emploi ?

Le chômage a baissé deux mois de suite pour la première fois depuis cinq ans. Vous partagez l’avis de François Hollande : ça va mieux ?

C’est une bonne nouvelle pour la France. Maintenant, il faut voir si elle se confirme dans la durée. J’espère que les tensions qui prévalent en ce moment dans le pays ne donneront pas un coup de frein à l’activité. Si la situation ne s’apaise pas, les conséquences seront désastreuses. Surtout, les réformes structurelles dont la France a besoin doivent être engagées, en particulier en baissant les prélèvements sur la valeur ajoutée, qui sont supérieurs de 10 points à ceux pratiqués en Allemagne – soit un différentiel de 130 milliards d’euros en 2014.

Emmanuel Macron ferait-il, à vos yeux, un bon candidat pour la présidentielle s’il se présentait ?
Je ne peux pas m’exprimer sur ce qui n’est qu’une hypothèse. Mais j’ai toujours dit qu’Emmanuel Macron apporte une compréhension et une acceptation de l’économie de marché. Il connaît l’entreprise de l’intérieur. Il transcende le clivage politique gauche-droite, ce qui me va très bien. La France souffre de la croyance selon laquelle l’entreprise serait un lieu de lutte de classes, d’abus de pouvoirs qu’il faudrait contrer par le rapport de forces systématique. Tant que les organisations syndicales seront dans cet état d’esprit-là, nous aurons de la peine à avancer.

Vous n’êtes pas candidat à un deuxième mandat. Votre succession a débuté ?

C’est un faux problème, on est à deux ans de l’élection.

Il semble que cette échéance trotte dans l’esprit de plusieurs de vos pairs…

Que certains aient des ambitions, il n’y a rien à redire à cela mais poser la question aujourd’hui fait rire tout le monde. La campagne pour l’élection du président du Medef sera lancée le 1er janvier 2018 et le vote lui-même aura lieu le 1er juillet suivant. D’ici là, il faut travailler pour notre économie, nos entreprises et pour l’emploi.

En savoir plus sur :  http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/05/30/pierre-gattaz-le-sigle-cgt-est-egal-a-chomage

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