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vendredi 20 mai 2016

Loi travail : La lutte des classes en France



Loi travail : La lutte des classes en France

Si Marx vivait encore, une nouvelle occasion d'ajouter une nouvelle "saison" à sa "lutte des classes en France" lui serait fournie.
Tous les ingrédients dignes de son talent sont présents.
- Un président socialiste dévalué par ses reniements apparents mais largement prévisibles dès sa candidature.
- Un parti du président, jadis populaire, doyen des partis français, en voie d’implosion entre deux minorités diamétralement hostiles et une majorité, centriste, d’intérêts particuliers voire personnels.
- Une droite, idéologiquement unie, mais aux prise avec des ambitions personnelles aussi multiples que massacrantes.
- Et une extrême droite qui est unie sur une seule candidature, appuyée sur un programme dont la véhémence attrape-tout permet, depuis des décennies une progression régulière au dessus des deux chiffres au delà des quel la crédibilité devient préoccupante pour ses adversaires.
- Enfin une extrême gauche minoritaire qui se partage entre ceux qui veulent refaire le Front Popu en unifiant les prolétaires de toute la gauche et ceux qui, depuis 1917, rêvent au "Grand Soir"d’octobre 17 ou de la "sociale" de 1848, ou 1871.
Tout ce monde essaie de peser, au grès de chaque événement, sur les comportements politique de la classe immensément majoritaire dans cette France du XXIe siècle, à savoir ceux qui doivent travailler pour vivre, j’ai nommé le prolétariat moderne fait d’autant de cols blancs que de cols bleus. Etant bien entendu qu’une autre classe, extrêmement minoritaire en nombre, mais extrêmement majoritaire sur les comptes bancaires, à savoir la bourgeoisie, manoeuvre, elle, au grès des circonstances pour que ses intérêts matériels gardent toujours leur primauté. Son parti est unique. Jamais il ne participe directement aux élections ni au gouvernement, mais le sous parti qui obtient son soutient a toujours de bonnes chance de l’emporter, tant sont puissants les médias qu’il commande. Ce parti unique, c’est le Medef.
Depuis janvier 2016, des observateurs se demandent si le moment pour introduire la "réforme" du code du travail a été bien choisi. Mais avait-il un autre moment disponible ? A un an des présidentielles, le Medef commence à préparer ses chevaux. Le meilleur cheval, Hollande le sait, sera celui qui aura donné les preuves les plus tangibles. Dans les sondages, les autres sont devant, mais, dans leur besace, ils ont des programmes, mais aucune garanties sur leur application, alors que Hollande, lui, a, encore plus d’un an, pour faire du concret.
Toute l’histoire de la loi El Khomri est là. Le Medef veut faire baisser le prix de la force de travail. Si Hollande y parvient, l’artillerie du patronat pourrait passer de son côté et dans nos médias préférés, Juppé deviendrait alors trop vieux, Sarko trop agité, Lemaire trop tendre etc... et finalement, avec un gros câble à la patte, Hollande, pour cinq petites années, ne serait-il pas, parmi tous, le plus passable ? Refrain sur tous les plateaux.....
Voilà pourquoi le tandem Hollande-Valls a réalisé dans ses moindre détail un montage où plusieurs sorties de secours étaient prévues sauf sur "l’inversion des normes" et les heures sups à 10% (contre les 25% actuels) ; deux éléments qui condamnent, rapidement, aussi bien les conventions collectives (acquises en 36), qui alignent les situations par le haut, que les 35h de Martine Aubry. et leur cortège insupportable, pour le Médef, de RTT. La commercialisation de ce produit a été confiée à une enfant de l’immigration, sans doute pour montrer que les immigrés apprécient les salaires en baisse.
Ainsi, pour sauver une petite place dans l’histoire de France, et un brin de vanité, Hollande aura, dans un accord tacite avec le Méfef, pris le risque d’exploser son parti en reniant deux de ses plus positives actions historiques. Reste une inconnue dans les plans hollandistes : comment cette manip va s’interpréter dans la gauche du prolétariat ? Ici, ceux qui avaient déjà de gros doute en 2012 ont, manifestement, fait des petits. Alors que l’assiette du Médef déborde, celle du prolo ne contient plus qu’une arête d’un minuscule poisson. Cette image accompagne la contestation anti loi El Khomri qui dure depuis des mois, et c’est finalement sans doute là que se joue la candidature de Hollande puisqu’un retrait lui retirera, automatiquement, l’appui du Médef.
Du coup le retrait de cette loi remettrait la vrai gauche, celle qui ne suivrait pas Macron (candidat de survie du hollandisme), au centre du jeu avec une possibilité, si les égos individuels s’effaçaient devant les intérêts des prolétaires, de battre, dès le premier tour, tous les candidats du Médef. Et, du même coup, le combat contre cette loi pourrait, de loin, dépasser son objet.
Les prochaines semaines vont donc être décisives pour toute la politique française.
CN46400
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