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samedi 30 avril 2016

Olivier Besancenot décrypte les mots du pouvoir

                        Le Dauphiné Libéré
POLITIQUE

Olivier Besancenot décrypte les mots du pouvoir

                                Remplacer « capitalisme » par « économie sociale de marché », Olivier Besancenot dit non.  Photo DR
Remplacer « capitalisme » par « économie sociale de marché », Olivier Besancenot dit non. Photo DR

Dans son « Petit dictionnaire de la fausse monnaie politique », Olivier Besancenot analyse les glissements sémantiques qui font que l’on ne dit plus « patrons » mais « entrepreneurs ».

On ne dit plus « Plans de licenciements » mais « plan de sauvegarde de l’emploi ». Petit à petit le mot « étranger » a été remplacé par « immigré », « force de travail » par « coût du travail ». Les « patrons » sont devenus des « entrepreneurs » et le « capitalisme » est désormais une « économie sociale de marché ».
Ce glissement sémantique n’est pas un hasard. Olivier Besancenot, ancien candidat à la présidence de la République et membre du NPA (nouveau parti anticapitaliste), les décrypte dans un ouvrage qui vient de sortir.
« Les mots sont un vrai domaine de la lutte politique et sociale. Diviser pour mieux régner est l’arme des puissants. Le langage fait partie de cette stratégie-là », estime l’auteur du « petit dictionnaire de la fausse monnaie politique » (1).

Alimenter le débat

Pour lui, c’est l’illustration que « les idées dominantes mènent leur combat ». Olivier Besancenot fait le constat que « le camp dominant » prend le temps de travailler les éléments de langage. « Nous, nous sommes pris dans l’urgence et on prend peu le temps de réfléchir ». Sur un peu plus d’une centaine de pages très denses, le facteur le plus célèbre de France prend le temps de le faire.
« Il ne s’agit pas d’expliquer comment parler juste et vrai », précise-t-il. « Derrière ces expressions, il y a une orientation économique libérale marquée et c’est une forme d’autoritarisme. Et il ne s’agit pas de substituer une forme d’autoritarisme par une autre ».
Ce travail d’analyse a comme ambition d’alimenter le débat idéologique, notamment celui qui s’exerce nuitamment sur les places de France. Mais c’est complètement déconnecté, jure-t-il, de l’élection présidentielle. « Il s’agit plutôt de capter un élément supplémentaire de l’air du temps auquel je pense qu’il faut résister ».
Le monde évolue et les mots avec lui. Des transformations qui pour Besancenot n’ont rien de spontané.
(1) « Petit dictionnaire de la fausse monnaie politique », Olivier Besancenot, éditions Cherche Midi, 12 euros.

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