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lundi 31 août 2015

Migrants ou réfugiés, quelle différence? Un débat qui passe du médiatique au politique


Le Huffington Post

Migrants ou réfugiés, quelle différence? Un débat qui passe du médiatique au politique

Publication: 
MIGRANTS
Migrants ou réfugiés? Une distinction utile mais plus facile à dire qu'à faire | AFP


IMMIGRATION - Le ton change (un peu) à l'égard des populations qui fuient l'Afrique et le Proche-Orient pour trouver asile en Europe. Alors que l'Allemagne d'Angela Merkel a symboliquement décidé de ne pas renvoyer ses réfugiés syriens dans leur pays d'entrée dans l'UE, certains responsables politiques français insistent désormais sur la nécessité de ne plus résumer par le terme "migrants" les situations toujours dramatiques mais souvent très différentes qui ont conduit ces dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants à abandonner leur patrie.
"La confusion entre le mot 'migrant', qui renvoie à toutes les migrations quelle que soit leur nature [...] économique [et] politique, et le mot 'réfugié' qui renvoie à une migration politique suite à des persécutions ou des guerres, est dangereuse. Elle risque de mettre en péril quelque chose auquel nous sommes tous attachés, c'est à dire le droit d'asile", a plaidé ce lundi 31 août sur BFMTV la députée (Les Républicains) Nathalie Kosciusko-Morizet, en accusant le gouvernement de Manuel Valls d'entretenir ce mélange des genres.
Pourtant, au même moment sur France Info, le socialiste Michel Sapin tenait lui aussi à faire la différence. "Ce qui est terrible, ce n'est pas qu'il y ait du mouvement de populations, il y en a toujours eu. C'est qu'il y ait des réfugiés. [...] Parce qu'ils sont en Syrie, parce qu'ils sont en Irak, parce qu'ils appartiennent à telle ou telle minorité religieuse, c'est leur vie qui est en cause. Alors ne confondons pas, parce que c'est parfois ce que font certains, ces réfugiés avec ceux qui par ailleurs peuvent être des immigrés qui cherchent du travail et un monde meilleur", a expliqué le ministre des Finances.
Ce week-end, en clôture de l'université du PS à La Rochelle, Manuel Valls avait lui-même assumé cette distinction en promettant de la "fermeté" vis à vis des migrants en situation irrégulière tout en réaffirmant que ceux qui "fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures, doivent être accueillis (...) traités dignement, abrités, soignés". Il a d'ailleurs réaffirmé cette position ce lundi lors d'un déplacement à Calais: "Fermeté contre les passeurs (...) fermeté aussi à l'égard de l'immigration clandestine que nous ne voulons pas confondre avec le droit d'asile, et on le fait pour que chacun ait une solution digne".
Des réfugiés protégés par la Convention de Genève
Il y a dix jours, un journaliste anglophone d'Al-Jazeera avait déjà ouvert le débat en signant une tribune expliquant pourquoi sa chaîne ne parlerait plus de "migrants", un terme devenu à ses yeux un "outil de déshumanisation", au sujet des réfugiés de la Méditerranée.
Au-delà de sa dimension journalistique, distinguer des migrants "économiques" en quête de meilleures conditions de vie et les réfugiés "politiques" n'a rien d'une coquetterie sémantique. Les premiers sont soumis à la législation sur l'immigration de leur pays d'accueil (et donc potentiellement expulsables lorsqu'ils sont en situation irrégulière) tandis que les seconds sont protégés au titre du droit d'asile instauré par la Convention de Genève.
Le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a réaffirmé le 27 août dernier l'importance de ne pas confondre ces statuts antagonistes sur le plan légal. Le HCR utilise exclusivement le terme "réfugiés" pour évoquer les personnes fuyant les conflits et les persécutions. Celui de "migrants" s'applique aux autres personnes ne pouvant bénéficier de la protection de la Convention de Genève.
Plus de 300.000 migrants ont traversé la Méditerranée depuis janvier et plus de 2.500 personnes sont mortes en mer après avoir tenté de rallier l'Europe. Le HCR estime que la plupart de ces candidats au départ, dont beaucoup proviennent de Syrie et d'Irak, sont des demandeurs d'asile.
Une distinction délicate propice aux récupérations
Si la distinction a donc une importance certaine, celle-ci s'avère souvent toutefois très délicate à opérer sur le terrain. En 2007, le Haut commissariat aux réfugiés s'alarmait déjà des difficultés croissantes des pays d'arrivée à distinguer immigrés économiques et exilés politiques. Le durcissement des lois anti-immigration, les difficultés linguistiques, l'inadéquation de certains services d'accueil face au nombre de demandeurs d'asile, la perte ou la destruction de leurs documents d'identité concourent à brouiller la frontière parfois très mince qui sépare un "migrant" d'un "réfugié politique".
"Certains requérants d’asile sans papiers sont des réfugiés, alors que d’autres requérants se déplaçant avec des titres de voyage en règle n’en font absolument pas partie. Il y a des gens capables de raconter avec conviction une histoire inventée de toutes pièces, et d’autres racontant mal une histoire vraie, voire pas du tout (car elle est trop douloureuse ou personnelle)", énumérait il y a un peu moins de dix ans le HCR pour justifier les difficultés des services administratifs des pays d'accueil.
La situation du pays d'origine est elle aussi sujette à interprétation. Comment régulariser la situation d'individus ayant quitté un pays où les persécutions et les discriminations sont avérées mais où la situation économique est également désastreuse? A l'inverse, "plusieurs pays génèrent de nombreux migrants économiques et quelques rares réfugiés. Mais ils en produisent quand même quelques-uns, et il
incombe aux juges statuant en matière d’asile de les identifier", insiste le HCR.
Ce flou entourant le statut de "réfugié politique" explique souvent le recours au terme générique de "migrant". Il autorise aussi certains politiques, partisans d'une "tolérance zéro", à remettre en cause le droit d'asile lui-même. La proposition formulée par le député Les Républicains Xavier Bertrand d'intercepter les navires de migrants pour les ramener directement en Afrique revient à priver leurs occupants de faire valoir leur droit d'asile.
Ce lundi, la présidente du Front National, Marine Le Pen, fustigeait encore un droit d’asile "devenu tellement souple qu'il est devenu une nouvelle filière d'immigration clandestine". "L’immense majorité de ces gens qui arrivent ne sont pas des réfugiés politiques, il faut arrêter de raconter des histoires aux Français", balaye la cheffe de file de l'extrême droite française, sans préciser sur quelles données statistiques se fonde cette affirmation.
LIRE AUSSI :
La suite ici --->http://www.huffingtonpost.fr/2015/08/31/migrants-refugies-difference-distinction-utile-

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