MUNICIPALES PARIS - A scrutin local, enjeu capital. Les 4000 adhérents parisiens du PCF sont appelés à voter depuis jeudi et jusqu'à ce samedi. Objectif: valider le principe d'une alliance dès le premier tour avec la candidate socialiste Anne Hidalgo ou au contraire acter la rupture en rejoignant les listes autonomes du Front du gauche.
Selon des sources au PCF et chez son partenaire du Parti de Gauche, les militants communistes devraient "logiquement" se rallier à la position arrêtée par le conseil départemental, qui a validé à 67% le principe d'une union dès le premier tour. Un choix a priori en cohérence avec le passé: aux municipales de 2001 comme en 2008, le PCF s'était allié dès le premier tour avec les socialistes et trois des 36 adjoints actuels du maire, Bertrand Delanoë (PS), sont des communistes.
Problème: d'après Jean-Luc Mélenchon et ses amis, c'est l'avenir même du Front de Gauche qui est désormais dans la balance.
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"Paris, capitale de la résistance à l'austérité"
A cinq mois des élections municipales, le Parti de gauche est entré en guerre contre ce vote interne. Pour les mélenchonistes, pas question de combattre la "politique d'austérité" du gouvernement socialiste et de s'allier "pour quelques postes" avec le PS dans les communes.
En ligne de mire: les 13 sièges de conseillers de Paris (contre 8 aujourd'hui), les 32 conseillers d'arrondissement et les trois postes de maire adjoint garantis par le Parti socialiste parisien en cas de victoire. Et tant pis pour la promesse de 30% de logements sociaux par an obtenue par le PCF.
Dimanche dernier, Jean-Luc Mélenchon n'a pas eu de mots assez durs qui éreinter la stratégie de son allié communiste: "Comment peut-on faire une bêtise pareille? Comment peut-on être aussi mauvais stratège?", a-t-il martelé devant ses amis du Parti de Gauche en ciblant le patron du PCF, Pierre Laurent, sénateur francilien et favorable à des accords au cas par cas.
La candidate du PG, Danielle Simonnet, est sur la même ligne: "Paris doit être la capitale de la résistance à l'austérité. Les élections municipales ont toujours eu une résonance nationale. Tout particulièrement aujourd'hui quand le gouvernement soumet les collectivités à des baisses de dotations." Et de rappeler que 5 des 9 composantes du Front de Gauche ont d'ores et déjà rejoint le front anti-austérité qu'elle mènera dans les 20 arrondissements de la capitale.

Des conséquences jusqu'aux européennes
La stratégie des mélenchonistes est claire, même s'ils s'en défendent: dramatiser l'enjeu du scrutin parisien pour convaincre les militants communistes de voter contre leurs propres dirigeants. Mais pour Ian Brossat, chef de file des élus communistes de la capitale, "il est irresponsable de faire dépendre l'avenir du Front de Gauche d'une simple élection municipale".
Soucieux de ne pas prendre parti, le jeune élu du 18e assure d'ailleurs que "rien n'est décidé" et que tout se jouera entre deux sentiments contradictoires, très présents chez les militants PCF. Soit c'est "la volonté que Paris reste à gauche" qui l'emporte, et donc l'union avec les socialistes, soit c'est la "grande colère des communistes contre le gouvernement et la crainte que sa politique d'austérité ait des conséquences au niveau municipal", explique-t-il.
"Les échos du terrain me montrent que les militants communistes sont très attachés à la survie du Front de Gauche. La direction fédérale veut quitter le Front de gauche sur Paris, mais beaucoup de dirigeants communistes vont conduire des listes du Front de gauche ailleurs", plaide encore la candidate PG, Danielle Simonnet. Pourtant, dans les coulisses, les amis de Jean-Luc Mélenchon pensent que la partie est d'ores et déjà pliée et que les adhérents suivront la ligne des "apparatchiks" du PCF.
Une dispute, la plus grave dans la courte histoire du Front de Gauche qui pourrait avoir des répercussions sur un autre scrutin, celui des européennes. "Soyons sérieux!", s'agace le communiste Ian Brossat, persuadé que PCF et PG mettront de côté leur différend municipal pour "partir unis aux européennes".
Pour l'heure donc, motus et bouche cousue. Mais au Parti de Gauche, la menace est sur la table: "Il y aura un avant et un après vote des communistes à Paris".
DOCUMENT - L'accord PS - PCF que les militants doivent valider