Les salariés d'Alcatel-Lucent sous le choc
Reuters – mar. 8 oct. 2013
par
Pierre-Henri Allain
RENNES (Reuters) -
L'annonce de la fermeture du site Alcatel-Lucent de Rennes a été ressenti comme
un "coup de massue" et "une trahison" par les salariés, qui
ont spontanément débrayé mardi matin devant leurs locaux, à la périphérie de
l'agglomération.
L'équipementier du
secteur des télécommunications a annoncé la suppression de 10.000 postes dans
le monde, dont environ 900 en France, dans le cadre d'un plan visant à
économiser un milliard d'euros d'ici 2015.
L'usine de Rennes, qui
emploie 120 personnes, est un des sites touchés.
"Les gens sont
anéantis, ils ont l'impression qu'on leur tape sur la tête en permanence",
déclare à Reuters Pierre Ketels, délégué CFDT. "Après avoir déjà vécu la
fermeture du site de Cesson-Sévigné, près de Rennes, en 2007, ils ont un
sentiment de trahison exacerbé."
Parmi quelque dizaines
de personnes rassemblées devant l'immeuble de verre d'Alcatel-Lucent, beaucoup
ont déjà subi les restructurations d'il y a six ans, avec parfois un
déménagement à la clé. Elles ont l'impression de revivre la même situation.
"On a un
sentiment de gâchis. Alors qu'on s'est réinvesti dans d'autres activités, il va
falloir à nouveau essayer de se projeter dans l'avenir, avec toutes les
questions que cela pose sur le plan familial et professionnel", s'inquiète
Jacques Viel, un ingénieur de 50 ans.
Malgré les rumeurs qui
couraient dans l'entreprise sur la fermeture des sites les plus modestes,
beaucoup croyaient encore à la pérennité de celui de Rennes, où la moyenne
d'âge, entre 40 et 45 ans, est une des plus basses du groupe en France.
"On a
l'impression que cette fermeture ne repose pas sur des critères objectifs mais
est avant tout dogmatique. On avait l'habitude de travailler en multi-sites
depuis des années, ce qui ne coûte pas énormément cher", remarque Pierre
Ketels.
PROTESTATION DES ÉLUS
NANTAIS
Malgré des annonces
rassurantes pour le site de Lannion, en Côtes d'Armor, dont l'activité 4G
devrait être renforcée, l'inquiétude est aussi de mise chez les quelque 750
salariés de cet établissement, qui ont débrayé plusieurs fois ces dernières
semaines pour protester contre des menaces de licenciements.
"Même si le site
est maintenu, nous allons aussi subir de nouvelles suppressions de postes,
alors que nous sortons à peine du 'plan performance' qui a supprimé 120 emplois
à Lannion depuis mai dernier", redoute Hervé Lasalle, délégué CFDT.
A Rennes comme à
Lannion, on attend désormais le détail des restructurations et, pour le site
rennais, où l'on travaillait à la fois sur les technologies 4G, les produits vidéo
pour la téléphonie mobile et les messageries automatiques, les possibilités
éventuelles de reclassement.
Les élus de la région
nantaise ont également dénoncé le plan de restructuration, qui se traduira
selon eux par la fermeture du site d'Orvault (Loire-Atlantique), avec plus de
500 emplois supprimés.
"La fermeture
annoncée est un non-sens. Le site d'Orvault doit au contraire être
conforté", écrivent Jacques Auxiette, président de la région
Pays-de-la-Loire, Philippe Grosvalet, président du conseil général de
Loire-Atlantique, Gilles Retière, président de Nantes Métropole et Patrick
Rimbert, maire de Nantes, dans un communiqué.
Ces élus "exigent
de la direction d'Alcatel-Lucent France de renoncer à ce plan et de préserver
l'emploi en France et notamment sur le site d'Orvault".
Ailleurs en France, le
site de Toulouse devrait aussi être fermé rapidement. Ceux d'Eu
(Seine-Maritime) et d'Ormes (Loiret) ont vocation à être cédés d'ici 2015.
Avec Jean-Baptiste Vey
à Paris, édité par Emmanuel Jarry
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