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dimanche 13 octobre 2013

Hollande 18 mois plus tard : ce que la situation économique doit au gouvernement, ce qu’elle doit à la conjoncture

                                                        Atlantico, un vent nouveau sur l'info

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Publié le 13 octobre 2013

Hollande 18 mois plus tard : ce que la situation économique doit au gouvernement, ce qu’elle doit à la conjoncture


La dette devrait s'établir cette année à 93,4% du PIB selon les prévisions de l'Insee. Une situation qu'il s'agit essentiellement d'incomber à un héritage de renoncement pour équilibrer les comptes publics et à la conjoncture. Mais les choix du gouvernement risqueraient d'aggraver la situation.

                                                          

Atlantico : D'après les chiffres de l'INSEE, la dette publique de la France a augmenté de 41,9 milliards d'euros au deuxième trimestre par rapport aux trois premiers mois de l'année pour atteindre 1912,2 milliards d'euros. Elle devrait s'établir à 93,4% du PIB cette année, puis grimper à 95,1% l'an prochain contre 90,2% fin 2012. Cette nouvelle augmentation de la dette est-elle uniquement imputable au gouvernement socialiste ou s'explique-t-elle en partie par la conjoncture ?

Jean-Yves Archer : La progression de la dette publique française provient essentiellement de la conjoncturePeu avant l'été 2013, près de 30.000 personnes supplémentaires devenaient– hélas – chaque mois en situation de chômage. Ceci pose d'évidence une question pour l'équilibre de l'UNEDIC où près de 20 milliards d'euros devront recevoir une garantie d'emprunt de l'Etat, ce qui accroît la partie "hors-bilan" de la dette. Parallèlement – chiffre fort peu diffusé – près de 75.000 personnes sortaient, à la même période, de tout système d'indemnisation chômage et allaient rejoindre les systèmes de solidarité nationale tels que le RSA. On situe donc ici clairement un motif de hausse de la dépense publique au moment même où les recettes se sont tassées : moindres recettes obtenues (que prévues) de la TVA du fait d'une faible évolution de la consommation et net recul de l'impôt sur les sociétés. Cet effet de ciseaux (dépenses en hausse, recettes moindres qu'escomptées) a expliqué le franchissement du cap symbolique des 1.900 milliards d'euros de dette publique auxquels il serait irréaliste et fautif de ne pas additionner les 3.130 milliards de dettes hors-bilan (garanties d'emprunts, engagements pluriannuels, provision légitime pour les futures pensions à payer des agents publics, etc ).
Si la conjoncture explique bien des choses, il n'est pas interdit de se poser la question du cap stratégique du gouvernement : tant du côté de François Fillon en dernière période (PLF pour 2012) que de Jean-Marc AyraultLa ponction fiscale exceptionnelle de près de 55 milliards réalisée en deux ans a eu un effet pro-cyclique et a aggravé la détérioration de la conjoncture. Même le FMI, pourtant initialement partisan d'une telle purge, reconnaît désormais que les outrances fiscales nuisent à un pays à la fois par l'atteinte à la croissance et par l'atteinte aux rentrées fiscales. On retrouve ici la fameuse courbe empirique de Laffer : "trop d'impôt tue l'impôt". Mais ce qui demeure troublant, c'est que l'Etat et ses équipes dirigeantes élues en 2012 (de François Hollande à Karine Berger ou Christian Eckert, rapporteur du Budget) n'ont fait aucun cas des alertes de différents courants de pensée économique qui ont essayé d'expliciter le risque. Par exemple, le lecteur pourra très utilement se rapporter à un article du 5 Juillet 2011 paru à la "une" du Monde de l'Economie sous la plume de Martin Wolf dont le titre semblait clair et puissant : "En se polarisant sur le désendettement des Etats, l'Europe risque la récession". Un an plus tard, le 17 juillet 2012, une contribution sur ce site, sous notre signature, était intitulée : "Budget 2012 : augmenter les impôts sans se soucier des dépenses publiques, c'est comme éteindre les lumières sans se soucier d'isolation thermique "
Par-delà la formule du titre, le contenu de notre approche d'alors a largement été validé par les faits ce qui est troublant et attaque de plein fouet le donjon des certitudes de l'Exécutif sur la période Eté 2012 – Eté 2013. Plus que la stricte question de la dette, c'est celle des emplois excessivement détruits par une telle politique brutale qui méritera, pour les historiens économiques, d'être analysée. La conjoncture a été rude pour la nouvelle équipe au pouvoir mais ses réponses ont versé de l'essence sur le brasier du fort trou d'air que les politiques récessives ont provoqué.
Vincent Touzé : Avec une dette publique supérieure à 90% du PIB et des engagements hors bilan qui atteignent environ 150% du PIB, l’Etat français est très endetté. Ce résultat est le fruit d’un lent héritage de renoncements pour équilibrer les comptes publics (le dernier excédent budgétaire remonte aux années 1970) puis de deux périodes importantes de crise (1993-1996 et 2008 jusqu’à aujourd’hui) qui ont profondément creusé les déficits avec des niveaux extrêmes : -6,5% du PIB en 1993 et -7,5% en 2009. Pour les finances publiques, la principale différence entre 1993 et 2009 provient du fait que les niveaux de dettes initiaux ne sont pas les mêmes : 39,7% du PIB en 1992 et 64,2% en 2007. En 1993, l’endettement était suffisamment faible pour supporter un choc macroéconomique d’envergure. En 2008, ce n’était pas le cas.
Aujourd’hui, le gouvernement Ayrault est dans l’obligation de revenir vers des niveaux soutenables d’endettement public. A défaut de croissance pour faire augmenter le niveau des recettes et diminuer le ratio dette/PIB, il a privilégié une hausse des taux d’imposition. La hausse des impôts avait déjà été amorcée par le gouvernement précédent. Ce choix a des limites car selon le principe de la courbe de Laffer, il faut se méfier des taux élevés d’imposition. En effet, ces derniers peuvent provoquer la réduction de l’assiette de prélèvement : moins d’incitation à produire des richesses, fraude fiscale avec une augmentation de l’économie sous-terraine, fuite des capitaux vers des cieux plus cléments, baisse de l’investissement productif, émigration d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, etc.
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