Espionnage de la NSA : la France et l'ex-président mexicain sur écoute
Par AFP | AFP – il y a 8 minutes
Le
scandale né de l'espionnage mondial pratiqué par les Etats-Unisa
resurgi lundi avec les révélations sur l'interception de dizaines de millions
de données téléphoniques des Français et sur la surveillance des courriels de
l'ex-président mexicain Felipe Calderon.
Cependant, le
secrétaire d'Etat américain John Kerry, en visite à Paris, a cherché à réduire
la tension, promettant des explications à son "vieil allié" français.
Les accusations du
quotidien français Le Monde et de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, nouvel
épisode de la série de révélations d'Edward Snowden, l'ancien consultant de
l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA), ont provoqué la colère des
autorités française, "choquées" par des actes d'espionnage d'un pays
allié. Le Mexique a de son côté réclamé une enquête.
"Je suis
profondément choqué", a déclaré le Premier ministre Jean-Marc Ayrault à
Copenhague. "C'est invraisemblable qu'un pays allié comme les Etats-Unis
puisse à ce point aller jusqu'à espionner autant de communications privées qui
n'ont aucune justification stratégique", a ajouté M. Ayrault.
Répondant à ces
reproches quelques heures plus tard lors d'une conférence de presse à Paris, le
chef de la diplomatie américaine a indiqué que les Etats-Unis discuteraient
avec la France du programme d'espionnage.
"La France est
l'un de nos plus vieux alliés dans le monde et j'ai une très étroite relation
de travail avec Laurent Fabius",
a indiqué John Kerry. "Nous aurons des discussions bilatérales, y compris
avec nos partenaires français, pour régler ces questions".
A Washington, une
porte-parole de la présidence américaine, Caitlin Hayden avait dit auparavant
que la Maison Blanche "ne commenterait pas publiquement toutes les
activités présumées du renseignement".
"Nous avons dit
clairement que les Etats-Unis récupéraient des données du renseignement à
l'étranger du même genre que tous les pays", a-t-elle expliqué à l'AFP à
Washington
Sur une période de
trente jours, du 10 décembre 2012 au 8 janvier 2013, 70,3 millions
d'enregistrements de données téléphoniques de Français ont ainsi été effectués
par la NSA, a révélé Le Monde, citant des documents d'Edward Snowden.
Pratiques
"totalement inacceptables"
Le chef de la
diplomatie française, Laurent Fabius, a convoqué sur le champ l'ambassadeur
américain à Paris, Charles Rivkin, qualifiant ce type de pratiques de
"totalement inacceptable". M. Fabius a également indiqué qu'il
demanderait "de manière extrêmement rapide, des éclaircissements, des explications,
des justifications" à son homologue américain, John Kerry, à l'occasion
d'une rencontre mardi matin à Paris.
La France a rappelé à
M. Rivkin qu'"il fallait nous assurer qu'elles n'avaient plus cours",
a précisé le sous-directeur de la presse du Quai d'Orsay, Alexandre Giorgini.
Dans un communiqué,
l'ambassadeur américain rappelle que "les Etats-Unis ont commencé à revoir
la façon dont ils collectent des renseignements afin de trouver un équilibre
entre les exigences légitimes de sécurité de leurs citoyens et de leurs alliés
et les exigences liées au respect de la vie privée auquel chaque individu a
droit".
Au Luxembourg, Laurent
Fabius a annoncé que la question sensible de la protection des données
personnelles serait évoquée par la France au sommet européen de jeudi et
vendredi. Le président François Hollande "demandera à l'Union européenne
d'avoir un règlement sur la question des données personnelles", a ajouté
M. Fabius.
C'est la profusion des
détails apportés par ces nouvelles révélations qui a contraint les autorités
françaises à réagir fermement, mais cette affaire était connue depuis juin.
"Un groupe de
travail États-Unis-Union européenne a été mis en place en juillet", dès
les premières révélations, a relevé le porte-parole français, soulignant que ce
groupe s'est réuni "deux fois" depuis.
Les documents d'Edward
Snowden décrivent les techniques utilisées pour capter illégalement les secrets
ou des informations sur la simple vie privée des Français.
La NSA dispose de
plusieurs modes de collecte, selon le Monde. Quand certains numéros de
téléphone sont utilisés en France, ils activent un signal qui déclenche
automatiquement l?enregistrement de certaines conversations.
La présidente
brésilienne fâchée
Cette surveillance
permet également de récupérer les SMS et leur contenu en fonction de mots-clés.
Enfin, de manière systématique, la NSA conserve l'historique des connexions de
chaque cible, précise le journal.
Les documents donnent
suffisamment d?explications pour penser que les cibles de la NSA sont aussi
bien des personnes soupçonnées de liens avec des activités terroristes que des
individus visés pour leur simple appartenance au monde des affaires, de la
politique ou à l?administration française.
Le gouvernement
mexicain a également demandé dimanche des explications à Washington après des
révélations du magazine allemand Der Spiegel selon lesquelles les services de
renseignement américains ont espionné les courriels de Felipe Calderon
lorsqu'il était président.
La présidente
brésilienne Dilma Roussef avait suspendu le mois dernier une visite aux
Etats-Unis après des révélations concernant des cas d'espionnage américain sur
ses propres communications, celles de proches collaborateurs et d'entreprises
telles que le géant public pétrolier Petrobras.
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