L'actualité du samedi 05/10/2013
La UNE
En cinq
longs métrages et une douzaine d’années, Abdellatif Kechiche s’est
imposé comme la tête de file d’un cinéma français contemporain. Une forte
tête qui, film après film, remet sur le métier ce qui le travaille, à
commencer par les classiques et la situation pédagogique, l’école qu’il aime et
nous fait aimer, lui conférant de véritables pouvoirs magiques,
une capacité à produire des miraculés de la République. En salles
mercredi, la Vie d’Adèle s’affiche déjà comme le film 2013. Une année
qui avait débuté par le coup de gueule
de son producteur, Vincent Maraval, contre un système du cinéma
français qu’il jugeait dévoyé, perverti notamment par la vulgarité des
cachets touchés par certains comédiens (et comédiennes). Une année
qui s’est poursuivie, une palme d’or plus tard, par la polémique autour
de la Vie d’Adèle, lorsque la star Léa Seydoux réalisa qu’elle
avait été choisie pour ce qu’elle incarne face à la révélation Adèle
Exarchopoulos - une sorte de lutte des classes au générique.
L’année 2013 restera aussi comme celle du vote de la loi Taubira.
Et ce que vient rappeler avec force la Vie d’Adèle, c’est qu’aussi
essentielle soit-elle, l’égalité des droits ne suffira pas à liquider
la question des toujours profondes inégalités sociales devant les préférences
sexuelles. Par son réalisme assumé, cette comédie dramatique du non-mariage
participe pleinement du devoir de «perfectionnisme moral» que le
philosophe des salles obscures Stanley Cavell célébrait dans
les chefs-d’œuvre hollywoodiens.
Par sylvain Bourmeau
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