L'actualité du samedi 12/10/2013
La UNE
Fâcheux
Madame Le Pen voudrait nous empêcher de dire et d’écrire que
le Front national est une organisation d’extrême droite. Et comment
souhaiterait-elle qu’on appelle ce parti xénophobe et nationaliste ?
«Populiste.» Mais de quoi, au juste, se plaint-elle ? C’est le mot
qu’utilise, depuis le milieu des années 80, un nombre croissant de
commentateurs. «Nationaliste-populiste», proposait dès 1984 l’alors
sérieux philosophe Pierre-André Taguieff. Préoccupés par une «fièvre hexagonale» (qui finirait sans doute par passer…),
les historiens dits du temps présent se mirent à l’époque à rivaliser
d’ingéniosité au vain jeu des sept familles pour savoir de laquelle
descendait ce Jean-Marie Le Pen seconde manière, celui qui avait renoncé
au bandeau sur l’œil.
A vouloir à tout prix
étiqueter, ces experts ès entomologie politique parvinrent surtout à
occulter le caractère nouveau du phénomène tout en entretenant le mythe
coriace, et depuis longtemps pourfendu par le politiste Zeev
Sternhell, d’une immunité française au fascisme. C’est bien pourtant cette
qualification qui prévalait jusque-là : «fasciste». Non pas dans son acception
savante mais au sens générique, c’est-à-dire politique, du terme, «fasciste»
comme synonyme d’extrême droite. Ce fâcheux changement d’appellation au profit
de «populiste» devint ainsi l’opération dangereuse par laquelle nous sommes
passés d’une nécessaire diabolisation des leaders frontistes à une imbécile
stigmatisation de ses électeurs. Avec les effets que l’on sait. Il est
plus que temps d’appeler un faf un faf, fût-elle une femme.
Par sylvain Bourmeau
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