L'actualité du mardi 22/10/2013 La UNE
Le succès de Gravity depuis sa sortie, il y a
trois semaines aux Etats-Unis, est une bonne nouvelle pour ceux qui se
réjouissent qu’il n’y ait pas d’incompatibilité fatale entre film d’auteur
(assurément Gravity en est un) et film très grand public.
Un triomphe d’autant plus sidérant que Gravity prend à revers les arcanes du
film «à faire sauter le quartier» (en hollywoodien : blockbuster).
Pas de poursuites en bagnoles, aucune destruction massive, pas la queue
d’un Noir gay de gauche et surtout aucun superhéros capable d’empapaouter
les aliens (et sauver l’Amérique) par le seul pouvoir de son hyper regard.
La systématicité de ce contre-emploi peut être évidemment lue comme une
nouvelle machination de la machine hollywoodienne qui, comme toute entreprise capitaliste,
n’avance et ne vainc qu’en se détraquant. Mais il y a dans Gravity une autre passion qui fédère au-delà
de l’économie de marché. Plutôt que l’horreur du vide, l’angoisse du trop
plein qui est notre lot commun de Terriens de plus en plus à l’étroit sur une
planète en voie de surpopulation. La leçon funèbre de Gravity, c’est que, sur Terre comme au ciel,
l’espace est saturé et que ça fait très mal de s’y déplacer. Qui plus est sans
l’ombre d’un out
of space, d’un
ailleurs réparateur. «La nature ne fait pas de saut.»La formule
de Leibniz peut servir de sous-titre à Gravity où, comme chez le philosophe, prolongé
par les théoriciens de la relativité, le vide est impossible. Ce qui
peut être considéré, to be or not to be, comme le comble de l’angoisse intersidérale.
Où sauter quand il n’y a plus de trou ?
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