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samedi 30 mars 2013

L’échec de la présidence Hollande fait la preuve de l’échec de la pensée égalitariste


                    La Sociale

                 Analyses et débats pour le renouveau d'une pensée de l'émancipation
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L’échec de la présidence Hollande fait la preuve de l’échec de la pensée égalitariste

Les droits sociaux établis en 1944 par le Conseil National de la Résistance reposaient sur le principe d’une égalité de tous les citoyens dans la République. De la même manière qu’ils étaient tous astreints aux mêmes devoirs (la conscription, l’impôt…), ils devaient tous bénéficier des mêmes droits (allocations chômage, familiales, etc…) et cela quelle que soit leur situation particulière. La République assurait à tous ses enfants un socle de droits imprescriptibles qu’elle ne conditionnait pas à leur plus ou moins bonne fortune personnelle. Ces droits protégeaient le pauvre de l’indigence, du dénuement. Et du fait que le riche n’en soit pas privé, ils constituaient un lien entre tous qui encourageait le mérite et la responsabilité. Cette égalité de tous dans un socle de droits et de devoirs sur tout le territoire constituait le cœur même de notre république. Et c’est pourtant bien ce cœur que la politique de François Hollande dépèce jour après jour.

Par Pierre Delvaux • Actualités • Mardi 05/03/2013 • 

Quelques exemples. Celui de la réforme annoncée des allocations familiales est particulièrement significatif. Elles devraient être fiscalisées ou soumises aux conditions de ressource. De la même manière, on nous promet une réforme des retraites dont le principe de base est le même à en croire les fuites médiatiques organisées par le gouvernement : on ne touchera pas aux plus petites pensions, toutes les autres baisseront. Concernant les étudiants, l’UNEF se fera une joie d’annoncer la création d’une « allocation d’études » dont il ne fait aucun doute qu’elle sera elle aussi conditionnée par les conditions de ressource et qui entraînera la suppression de la demi-part fiscale pour les parents d’étudiants de moins de 25 ans. Concernant la Formation Professionnelle, le gouvernement ne compte pas en augmenter le budget mais le limiter pour l’essentiel à la formation des chômeurs au prétexte qu’il servait jusqu’ici principalement aux cadres. En fait, le ministère du Travail ne fera qu’entériner une situation qui prévaut déjà depuis quelques années, à savoir que l’AFDAS s’est substituer à Pôle emploi en refusant à des milliers de salariés (et pas uniquement des cadres…) de leur financer une formation du fait qu’ils avaient la chance, eux, d’avoir un emploi !... Que le gouvernement fasse l’annonce de quelque chose qui existe déjà depuis longtemps n’est qu’anecdotique. Qu’il acte le détournement de la Formation Professionnelle pour tenter de contenir la progression du chômage est plus grave.


Dans ces quatre cas (et il y en a bien d’autres semblables), nous sommes face à ce que l’on pourrait appeler une stratégie « d’écrêtage social ». Au nom du principe d’égalité, le gouvernement organise, en fait, une politique d’équité, une discrimination positive sociale par le bas. Il confisque une partie des droits de ceux qui produisent la richesse pour la redistribuer à ceux que sa politique européiste précipite dans la survie. Cela n’a rien à voir avec les principes de solidarité et de répartition du CNR, et, plus précisément, avec la « solidarité interprofessionnelle » et « intergénérationnelle » des principaux régimes sociaux. Que ce soit pour les retraites, les allocations familiales, les allocations chômage ou la formation professionnelle, le travail effectué ou l’existence d’une famille ouvraient jusqu’à présent des droits pour tous les citoyens, basés sur les mêmes calculs. Pour ces droits essentiels la différence de patrimoine personnel n’entrait pas en ligne de compte. Celui-ci était considéré comme le fruit du mérite personnel, l’acquis intangible suscitant la nécessaire ambition des individus et le dynamisme des nations.

L’échec patent de François Hollande tient dans la conjonction de deux choix désastreux, le deuxième amplifiant les conséquences du premier. Le premier choix est la soumission totale à l’Union Européenne, actée dès le début du quinquennat par la première promesse trahie et l’adoption du traité Merkel-Sarkozy. Empêchant toute réindustrialisation et toute relance, l’application de ce traité ne pouvait que faire exploser le chômage et aggraver la précarité. Je voulais ici attirer l’attention sur la nature des solutions avancées dans ce contexte par ce gouvernement et qui en constituent, à mon avis, le marqueur idéologique. Si les recettes de Nicolas Sarkozy étaient purement et simplement libérales (au sens économique du terme) et bourgeoises, celles de l’exécutif actuel relèvent d’une sorte de gauchisme égalitariste contenu dans une fameuse déclaration de François Hollande en janvier 2007 dans laquelle ils affirmait ne pas aimer les riches, tout en précisant que la richesse commençait pour lui à 4000 euros par mois. Il y a donc, finalement, une certaine cohérence dans le « hollandisme », d’autant que la plupart des ministres en poste semblent partager ce gauchisme égalitariste qui caractérise les bobos et qui, dans le principe, rejoint celui des régimes staliniens : que les caisses soient vides constituent l’occasion de faire un bond en avant dans l’égalité, prenons à ceux qui ont encore un peu pour donner à ceux qui n’ont plus rien. Le pays est ruiné mais juste. Et au-delà du socio-économique, c’est ce même égalitarisme forcené qui dicte les réformes sociétales qui déstabilisent encore plus notre société déjà mal en point (mariage pour tous, droit de vote des étrangers, etc…). La remise en cause de nos grands équilibres républicains au profit d’une révolution de salon menée à l’échelle du pays par des Che Guevara de Saint-Germain-des Près obère sans doute toute chance de revoir en France après celui-ci un autre exécutif PS et, plus largement, de gauche. Mais puisque cette gauche n’a pas su renouveler un fond idéologique qui a mené à l’échec tous les régimes socialistes du vingtième siècle, c’est peut-être mieux ainsi…

Pierre Delvaux

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